
Quelques mots sur l'auteur
Gérald BISTON est inspecteur principal honoraire de l’enseignement fondamental à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Membre de notre école de plongée Nérée, il est plongeur 4 étoiles et Guide de palanquée FFESSM. A la CMAS, il est instructeur d’Océanologie depuis 2011 et instructeur en biologie marine depuis 2022.
Il est également co-auteur avec John Pécriaux du Guide pratique de la Plongée en Zélande, véritable bible des plongeurs en Zélande. Après avoir tenu une rubrique originale de Faune et Flore dans L’Hippocampe, la revue trimestrielle de la Lifras, il anime toujours régulièrement nos Pages de Faune et Flore sur le site neree.eu et dans la Revue publiée sur le site https://www.amb-lifras.be/ par l’Association des moniteurs de plongée brabançons de la Lifras.
Dernier article Faune et Flore
Quatre nouveaux organismes
visibles lors de nos plongées en Zélande
En Zélande comme ailleurs, les choses évoluent parfois très rapidement sur les sites de plongée. Des organismes autrefois abondants deviennent plus rares, tandis que d’autres, nouveaux, émergent et s’installent. Cette page va envisager quelques-uns de ces nouveaux arrivés et en plus ou moins large voie d’installation et vous proposer un quadruple défi.
1° défi : trouver une ascidie abricot
L’ascidie abricot est un tunicier solitaire dont le nom scientifique est Polycarpa tenera.
Taille et couleurs : Le corps presque sphérique mesure de 2 à 3 cm de diamètre. La coloration générale de la tunique légèrement transparente rappelle celle de l’abricot et/ou les siphons pré-sentent des raies longitudinales rouges et blanches.
Où la trouver ?
Elle vit à faible profondeur, fixée par son pédoncule sur un support solide : cailloux, coquilles, bois immergés, constructions ou restes de constructions diverses. En Zélande, des identifica-tions de l’ascidie abricot ont été réalisées au Pont de Zélande, à Oesterdam et à Den Osse.
Comment la reconnaître ?
La coloration générale rappelant celle de l’abricot et/ou les raies longitudinales des siphons sont caractéristiques.
D’où vient-elle ?
Cette ascidie solitaire était connue dans l’Atlantique Nord et en Méditerranée mais elle était in-connue en Zélande. En octobre 2018, deux naturalistes annonçaient la découverte de deux nouvelles ascidies dans la partie néerlandaise de la mer du Nord. Une se caractérisait par une coloration générale d’abricot et l’autre par des rayures blanches et rouges sur la paroi intérieure des siphons. En 2023, des recherches ADN ont révélé qu’il s’agissait dans les deux cas de la même ascidie, Polycarpa tenera, l’ascidie abricot.
2° défi : trouver un amphipode du Pacifique
Cela n’apparaît peut-être pas à première vue mais l’amphipode du Pacifique est un crustacé dont le nom scientifique est Ericthonius didymus. Le nom scientifique de l’espèce n’a été publié pour la première fois qu’en 2013 !
Les amphipodes sont des petits crustacés. Leur nom vient du grec « amphi » qui signifie différent, opposé, et de « pous, podos », qui signifie pied. Ces crustacés possèdent en effet deux genres différents de pattes !
Taille et couleur : Chaque animal mesure au maximum 5 mm de longueur et vit le tube qu’il a lui-même construit en agglomérant des particules de vase. Si chaque amphipode vit dans son propre tube, l’ensemble des tubes finit, avec le temps, par constituer un massif d’une taille impressionnante. La coloration de l’amphipode est brunâtre avec des taches sombres.
D’où vient-il ?
Originaire de l’océan Pacifique, cet amphipode a été décrit pour la première fois dans la lagune de Venise en 2013, puis découvert dans le sud-ouest de la France et aux Açores. Il a été observé pour la première fois aux Pays-Bas à l’été 2021 et a depuis rapidement colonisé de grandes parties des eaux de Zélande couvrant, notamment au Pont de Zélande, des substrats entiers à qui sait les découvrir !
D’autres amphipodes du genre Jassa se rencontrent aussi en Zélande. Les tubes des Jassa sont en général plus fins que ceux des Ericthonius alors que les animaux sont plus épais. Les antennes plus épaisses des Jassa ne portent pas d’anneaux orange foncé.
3° défi : trouver une anémone de mer verte
Le nom scientifique de l’anémone de mer verte est Anemonia viridis. Rare jusqu’à il y a peu en Zélande, cette anémone de mer y connaît ces dernières années un développement spectaculaire.
Taille et couleurs : Les tentacules peuvent atteindre une longueur jusqu’à 15 cm et une épais-seur allant jusqu’à 4 mm. La colonne peut atteindre jusqu’à 10 cm de hauteur mais elle est très rarement visible, cachée dans une crevasse ou entre des pierres.
Les tentacules, longs et épais, sont vert clair avec des pointes violettes ou roses.
Où la trouver ?
Entre les rochers et sur des supports solides, à faible profondeur dans des zones bien éclairées et faiblement exposées aux courants marins.
Critères de reconnaissance :
La couleur, la forme et le nombre de tentacules facilitent l’identification.
4° défi : dans cette anémone, trouver une araignée des anémones
Contrairement à ce que le nom vernaculaire pourrait laisser croire, l’araignée des anémones n’est pas une vraie araignée mais un petit crustacé dont le nom scientifique est Inachus phalangium.
Taille et couleurs : La carapace des grands mâles peut atteindre 20,5 mm de longueur sur 17,5 mm de largeur. La carapace devient plus étroite vers l’avant de l’animal et peut être dis-simulée par des organismes encroûtants. Le jaune brunâtre est largement dominant.
Où la trouver ?
L’araignée des anémones semble vivre en commensalité avec l’anémone de mer verte. C’est donc à l’intérieur ou à proximité immédiate de celle-ci qu’il faut la chercher. Le plus souvent, on ne voit qu’un seul individu par anémone de mer verte mais deux ou trois araignées des anémones peuvent partager au moins emporairement un même gîte.
Critères de reconnaissance :
La forme triangulaire de la carapace et la proximité immédiate de l’anémone de mer verte ne permettent aucun doute quant à l’identification.
Aucun des ces 4 organismes n’était présent en Zélande il y a peu. Aujourd’hui, ils sont bel et bien là. Saurez-vous les repérer lors de vos prochaines plongées ? Les 4 défis vous sont lancés !
Cette page de Faune et Flore est très largement alimentée par le site https://biozelande.eu qui publie régulièrement des fascicules d’informations sur la faune et la flore de Zélande.
Je remercie chaleureusement les auteurs et collaborateurs qui contribuent à enrichir le site, en particulier Jean-Pierre Corolla. Sans ses apports répétés et le partage de ses photos, cette page n’aurait pas été possible.
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