Comme annoncé, nous nous intéressons aujourd’hui à une espèce invasive de Zélande, le crabe sanguin dont le nom scientifique est « Hemigrapsus sanguineus ». En voici un spécimen photographié sur le spot Linda à Wemeldinge en janvier 2016.

Cet « alien » a une carapace carrée sur laquelle on observe trois dents latérales de chaque côté et un front qui en est dépourvu. Il est paré de nombreuses zones colorées, allant du violet au brun, en passant par l’orange et le vert. Ses pattes ambulatoires sont relativement aplaties et présentent une alternance caractéristique de bandes transversales sombres et claires. Les pinces symétriques sont ornées de petites taches rouges. 

La taille des adultes peut atteindre 3 à 4 cm. Le mâle adulte est plus volumineux que la femelle, son abdomen est effilé et triangulaire alors que celui de la femelle est large et arrondi.

Ce petit crabe invasif est originaire du nord-ouest de l’Océan Pacifique, de la Russie à Hong Kong, en passant par le Japon, la Corée et la Chine. Il a été observé pour la première fois aux États-Unis en 1988, dans le sud du New Jersey, ses larves planctoniques ayant probablement été transportées dans les eaux de ballast de navires marchands. En 1999, il apparaît quasi simultanément dans le port du Havre en France et dans l’Oosterschelde. Plus récemment encore, il a été observé en Méditerranée et en Mer Noire. En Zélande, on le trouve à faible profondeur et dans la zone de balancement des marées, sur des substrats durs. Personnellement, j’ai pu observer des spécimens sous des rochers et sur les bancs de moules et d’huîtres à Wemeldinge dans l’Oosterschelde et sur les balles du récif de Den Osse dans le Grevelingen.

 

L’espérance de vie du crabe sanguin est de 3 ans environ. Pendant ce temps, chaque année d’avril à septembre, les femelles peuvent pondre, deux fois ou plus, de 15.000 à 50.000 œufs à chaque ponte ! La densité au m² de Hemigrapsus sanguineus peut donc vite devenir très importante. On a relevé sur les côtes françaises des concentrations de 80 individus/m² et plus encore aux Etats-Unis où l’on avance le chiffre de 350 individus/m² à certains endroits !

Le crabe sanguin est un prédateur très actif, un omnivore opportuniste qui se nourrit de tout ce qu’il trouve : des algues mais surtout des larves et des juvéniles de poissons et d’invertébrés multiples tels que moules, balanes, vers, autres petits crabes et même petits homards ! En Zélande, hormis les goélands, le crabe sanguin connaît peu de prédateurs qui menacent son développement.

Cette situation a des impacts majeurs:

1. sur l’environnement et les espèces indigènes : Le crabe sanguin attaque tellement les populations de crustacés, de poissons et de mollusques qu’il perturbe complètement la chaîne alimentaire. Ainsi, le petit crabe vert « Carcinus maenas » caractéristique des fonds zélandais est en voie de disparition. Son biotope est similaire à celui du crabe sanguin mais celui-ci domine le combat pour occuper l’espace et profiter de ses ressources.

2. sur l’homme et ses activités :
Le crabe sanguin est une menace grave pour l’aquaculture de Zélande, en particulier pour les élevages de homards d’une part et pour ceux de moules, d’huîtres et de myes d’autre part. Tous sont menacés par le développement du crabe sanguin qui se nourrit de leurs larves. On comprend l’inquiétude des professionnels du secteur.

 

Les informations relatives au crabe sanguin ont été inspirées par les sites
– Wikipedia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Hemigrapsus_sanguineus)
– Doris (http://doris.ffessm.fr/Especes/Grapse-sanguin3)
– Les espèces marines introduites dans le bassin Artois-Picardie (http://sm-wimereux.univ-lille1.fr/accueil/actualites/documents/EspecesIntroduites.pdf).