Octobre est bien entamé et la météo est maussade. Le froid, la pluie et le vent sont de plus en plus présents. Chez certains, la motivation à la plongée commence à s’émousser au fur et à mesure de la baisse de la température de l’eau. Sans trop nous mouiller, pourquoi ne pas chercher, surtout avec les enfants et petits-enfants, ce que la mer nous amène naturellement sur terre en cette période hivernale ?
Un endroit s’y prête tout particulièrement : la plage.
Qu’elle soit urbanisée ou éloignée de toute habitation, rocheuse ou sablonneuse, noire de monde ou déserte, la plage associe, pour la plupart d’entre nous, la mer, le sable et le soleil.
Gardons la mer et le sable mais oublions le soleil et partons pour la Mer du Nord par une matinée d’hiver au temps froid et orageux si possible. C’est le moment où la plage se remplit le plus d’objets impressionnants.
Que diriez-vous par exemple d’y trouver de beaux coquillages, des œufs de requin ou des os de seiche ? C’est tout à fait possible sur nos plages de la Mer du Nord de La Panne à Knokke.
Les touristes ne repèrent jamais ces trésors en été car les gestionnaires ratissent leurs plages pour en éliminer tous les déchets. Ils emportent en même temps coquillages, fossiles et petits animaux. Voilà pourquoi les meilleurs moments pour mettre la main sur de jolies trouvailles sont la fin de l’automne, l’hiver et le début du printemps.
De plus, par temps froid et orageux, les mollusques sont plus souvent rejetés sur le sable et le froid les rend moins actifs. Une fois échoués sur le rivage, ils n’ont pas assez d’énergie pour creuser et se cacher à votre approche.
Toutefois, avant de partir vers la mer, vérifiez deux paramètres : le vent et les horaires des marées.
Le vent
La direction du vent va déterminer ce qui va échouer sur le rivage. Lorsque le vent souffle de la mer vers la terre (d’ouest en est), de nombreux objets légers susceptibles de s’envoler et de flotter (telles les algues et les déchets plastiques) seront rejetés. Au contraire, si le vent souffle de la terre vers la mer (d’est en ouest) il repousse ces objets légers vers la mer mais en même temps il crée un courant sous-marin en direction de la côte. Ce courant balaie le fond marin, poussant des objets plus lourds jusqu’au rivage. Avec un peu de chance, vous pourrez dénicher alors de gros coquillages, des fossiles, des ossements et même des morceaux d’épaves !
Mais quand le vent souffle parallèlement à la ligne de marée, du sud-ouest au nord-est, il vaut mieux rester chez vous car la plage sera alors quasiment vide d’objets intéressants.
Les horaires des marées
Bien évidemment, la plage à explorer est plus grande à marée basse et plus petite à marée haute. Si vous souhaitez parcourir la plage pendant quelques heures, il est préférable de commencer à l’heure de la marée basse ou un peu plus tôt. Vous pourrez alors progresser sur la plage pendant que la mer recule et qu’elle laisse derrière elle son lot de curiosités. A marée basse, vous trouverez plus de crabes, d’escargots ou de coquillages vivants qui se cachent du mieux qu’ils peuvent dans le sable. Par marée haute, vous trouverez principalement des objets légers capables de flotter, comme des algues, des œufs de requins ou des carapaces de crabes.
Pour trouver les heures et les marnages des marées à Ostende, consultez le site en cliquant ici.
Si vous voulez vous rendre sur une plage à l’est d’Ostende vers la frontière hollandaise, consultez le site en cliquant ici
Si vous voulez vous rendre à l’ouest d’Ostende, vers la frontière française, consultez le site en cliquant ici
Passons en revue quelques découvertes que vous pourriez faire (presque) à chaque fois sur toutes nos plages de la Mer du Nord.
1. L’écume brune du bord de mer
C’est une des premières observations que vous ferez en arrivant au bord de l’eau, tant à marée haute qu’à marée basse. Par endroits, parallèlement au rivage, une mousse brune recouvre le sable et nombre d’objets déposés par la marée.
Cette mousse brune qu’on appelle l’écume de mer n’a rien à voir avec une quelconque vidange de toilette. Elle ne provient pas non plus de déchets chimiques d’un bateau qui les aurait, en fraude, rejetés à la mer. Elle provient de la décomposition naturelle d’algues et de plantes marines. Quand ces algues et ces plantes meurent, les vagues les décomposent en microparticules et celles-ci se transforment en mousse. Le sable colore ensuite la mousse en marron. Cette écume n’est pas un signe de pollution, elle est sans danger et… sans intérêt le plus souvent.
2. Les paquets d’algues et de plantes du bord de mer
Après l’écume de mer, ce sont les dépôts d’algues et de plantes marines qui vont attirer votre regard. Ces dépôts sont régulièrement alignés parallèlement au rivage tant au niveau de la marée haute qu’au niveau de la marée basse.
Ces algues et ces plantes marines ont souvent été arrachées des fonds marin sur lesquels elles vivaient. Elles étaient en fin de vie ou les tempêtes ont eu raison de leur enracinement. Ce ne sont pas tellement ces algues ou ces plantes qui sont intéressantes mais ce qu’elles contiennent. En effet, après avoir été ballotées au gré des vagues et des courants, elles finissent par héberger des coquillages et des œufs que nous pourrons observer de près.
Sur les brise-lames, vous pourrez trouver des ensembles d’algues brunes qui ont réussi à se fixer sur les parties empierrées ou bétonnées. Ce sont des fucus. Observez-les attentivement car ces algues hébergent souvent des bigorneaux. Après cuisson dans un bouillon, ces petits coquillages constitueront un excellent appoint pour votre prochain apéritif. Ne prélevez que la quantité qui vous est nécessaire car la pêche à plus grande échelle n’est pas autorisée sans un permis spécifique sur la côte belge. La ville d’Ostende a décidé depuis 2018 d’appliquer strictement cette disposition et vous risquez d’être verbalisé si vous cueillez des coquillages vivants sur les plages de la ville. La cueillette de coquillages morts reste autorisée sur toutes les plages.
Fucus accrochés sur un brise-lame à Westende St Laureins
Colonie de bigorneaux visibles après dégagement des algues
3. Des coquillages perforés
Au milieu d’un paquet d’algues, vous avez repéré un joli coquillage. Vous avez de la chance : les deux parties de la coquille sont encore réunies. En y regardant de plus près, vous repérez un petit trou rond dans une des deux valves du coquillage.
Vous êtes sur une scène de crime, un naticidae est passé par là ! Un naticidae est un petit mollusque gastéropode qui perce la coquille de ses proies avec les minuscules dents de sa langue. Il dévore ensuite sa proie à travers ce trou minuscule. Cette perforation peut facilement prendre une semaine. Parfois, les proies parviennent à s’échapper à temps. On peut dès lors voir sur leur coquille un trou qui n’est pas complètement creusé !
Un naticidae
Source : https://www.notrenature.be
4. Des coquillages bien vivants
D’autres coquillages, bien vivants ceux-là, sont arrivés d’endroits lointains et ont décidé de rester ici pour de bon. Sur nos plages, les plus fréquents sont connus sont le nom de couteau. Il y a plusieurs variétés de couteaux enfouis dans le sable de nos plages, on les distingue selon leurs tailles et leurs courbures plus ou moins arquées.
Un couteau arqué vivant photographié en plongée en Bretagne
Source :https://www.mer-littoral.org/14/ensis-magnus.php
Un tapis de couteaux morts sur la plage de Westende St Laureins
N’hésitez pas à chercher des couteaux vivants en vous mettant à genoux et en fouillant la sable avec une pelle ou un râteau de plage pour enfants. S’il peut être apparent et dressé quand il est recouvert d’eau, le couteau s’enfouit sous la surface du sable pendant la marée basse. Comme les coques, les couteaux préfèrent un sable un peu mou dans lequel ils trouvent refuge en grand nombre. Le couteau le plus difficile à trouver est le premier, les autres ne sont pas loin de celui-ci. Ne prélevez que raisonnablement ceux dont vous allez vous régaler et si vous n’êtes pas sur le territoire de la ville d’Ostende. La préparation des couteaux est des plus simple : vous les rincez et les faites dégorger dans de l’eau salée, vous les assaisonnez d’un léger filet d’huile et vous les cuisez à la plancha !
5. Des œufs de « petits requins »
Si, dans un paquet d’algues, vous trouvez un petit sac allongé, de 6 cm sur 2 cm approximativement, brun jaunâtre, avec un fil bouclé à chacun des quatre coins, vous êtes en présence d’une coquille d’œuf de roussette. La roussette est un petit « requin de chez nous ». Ses œufs sont pourvus de petits crochets qui vont s’attacher aux algues au milieu desquelles elle pond. Cela permet que, dans l’œuf, bien caché au milieu des algues, le petit requin puisse se développer en toute sécurité. Une fois que la nouvelle roussette est sortie de son œuf, la coquille finit par se détacher de son support et par échouer sur la plage.
Le long du rivage, dans les paquets d’algues, vous pourrez également trouver des coquilles d’œufs, de couleur noire cette fois et de forme plus carrée. Ce sont alors des œufs de raie.
Une roussette
Des œufs de roussette contenant
encore les jeunes roussettes en incubation
6. Les carapaces de crabe
A marée basse, vous trouverez de nombreux petits crabes verts vivants. Ils se cachent du mieux qu’ils peuvent entre les pierres des brise-lames. A marée haute, ce sont surtout des carapaces vides que vous trouverez dans la laisse de mer, ces objets légers et capables de flotter que la marée abandonne en haut de la plage au milieu des algues.
Un crabe vert vivant
Des carapaces de crabe vert
abandonnées par la marée
Ne vous attendrissez pas sur le sort de ces malheureux crabes verts dont les carapaces s’étalent devant vous. Personne n’a mené un génocide à leur encontre, on peut même supposer qu’ils vont bien ! Ce ne sont pas des dépouilles funéraires que vous avez sous les yeux mais d’anciennes carapaces que les crabes ont abandonnées au cours de leurs mues successives car elles étaient devenues trop petites pour eux. Pour vous en convaincre, retournez les carapaces et observez qu’elles sont toutes découpées de la même manière, sur le même schéma de découpe. Cela ne ressemble en rien à la carapace irrégulièrement broyée d’un crabe qui aurait été victime d’un prédateur qui l’aurait dévoré ! Chaque crabe abandonnera ainsi successivement plusieurs carapaces jusqu’au moment où il aura atteint sa taille adulte.
7. Des « os » de seiche
L’os de seiche n’a rien à voir avec l’os humain, sa composition est totalement différente. Aussi appelé sépion, l’os de sèche est une coquille interne et poreuse qui permet à la seiche de régler sa flottabilité en y comprimant plus ou moins les gaz qu’elle renferme.
Une seiche vivante
Os de seiche déposé par la marée
sur la plage de Westende St Laureins
L’os de seiche est encore utilisé aujourd’hui pour apporter aux animaux de compagnie, notamment les oiseaux et les tortues, le calcium et autres oligo-éléments dont ils ont besoin. Parce qu’il est résistant à la chaleur et facile à graver, on se sert aussi de l’os de seiche pour réaliser de petites sculptures ou des moules destinés à fondre des bijoux.
Cette énumération de tout ce qu’on peut trouver sur nos plages de la Mer du Nord est très incomplète, elle pourrait se poursuivre longtemps car chaque plage fourmille de centaines voire de milliers d’observations possibles mais vous en savez assez pour commencer, pour vous ou pour vos enfants ou petits-enfants, votre propre collection des curiosités et des merveilles de la plage.
Emportez quelques solides boîtes avec vous : des petites boîtes pour ranger les coquillages fragiles et quelques grands pots pour les autres trouvailles qui valent la peine d’être conservées. Rincez vos trésors à la maison avec de l’eau douce. Séchez-les ensuite et gardez-les à l’abri du soleil pour protéger les couleurs. Encore mieux : créez une étiquette pour chaque trouvaille (coquillages, plumes, œuf de requin…), précisez le lieu et la date de votre découverte, et peut-être aussi quelques informations à propos de votre trouvaille. Avant même de vous en rendre compte, vous serez l’heureux propriétaire d’une jolie collection d’objets (et de souvenirs) de vos visites à la côte !
Les informations contenues dans cette Page ont été inspirées par
https://www.notrenature.be/article/a-la-recherche-de-tresors-rendez-vous-a-la-plage
et
https://www.notrenature.be/article/dix-choses-que-vous-ignoriez-a-propos-des-coquillages?fbclid=IwAR1UH__1bpGasLOgoCoTeaMP84lk6X1uMdGrCHd3YVYbQ1lCDSwOrkJtv2c
et
https://www.rtbf.be/vivacite/emissions/detail_quoi-de-neuf/accueil/article_ramasser-des-coquillages-a-la-plage-attention-ca-risque-de-vous-couter-cher?id=9994989&programId=11530