En juillet prochain, l’école de plongée Nérée se rendra à nouveau en Zélande.
Les trois grands plans d’eau de Zélande sont l’Oosterschelde, le Grevelingen et le Veersemeer. A eux trois, ils offrent près de 80 sites de plongée souvent bien équipés. Tous sont répertoriés dans le Guide pratique de la Plongée en Zélande accessible via l’adresse https://divingzeeland.be.

Observer d’un peu plus près la faune et la flore des sites de plongée apporte un intérêt supplémentaire au plaisir de plonger. A cette fin, lors du premier stage de juillet, chaque palanquée qui le souhaitera sera munie d’une plaquette plastifiée d’identification sur la modèle de la plaquette déjà utilisée à Todi. Cette plaquette facilitera l’identification des organismes rencontrés sous l’eau.

Une plongée sous le Pont de Zélande
est un moment incontournable

Nous allons dans cette Page nous limiter à la flore et aux animaux invertébrés que nous ne manquerons pas d’observer pendant nos plongées. Nous nous centrerons sur quelques facteurs principaux d’identification. D’autres Pages de Faune et Flore pourront traiter plus tard l’un ou l’autre sujet plus en profondeur.

1. La flore de Zélande

Les plantes sont rares sur les sites de plongée de Zélande. La flore à découvrir est essentiellement constituée d’algues. Celles-ci seront vertes, rouges ou brunes selon les substances colorantes qu’elles contiennent majoritairement. Les algues vertes sont appelées chlorophytes, les algues rouges sont appelées rhodophytes et les algues brunes sont appelées phaeophytes.

Une comparaison entre les algues et les plantes a déjà été tracée dans la Page n° 6 de Faune et Flore de septembre 2016. Pour la relire : https://neree.eu/algue-ou-plante

 

Si la couleur d’une algue est généralement un bon indicateur, elle n’apporte quand même pas de certitude absolue d’identification ! En effet, certaines algues contiennent plusieurs pigments dont les effets s’additionnent pour influencer la couleur.

Une algue verte, un Codium fragile,
photographiée à Geersdijk

Une algue rouge, un Céramium,
photographiée à Scharendijke

Une algue brune, un wakamé,
photographiée à Zoetersbout

Les plantes sont rares
sur les fonds marins de Zélande

2. Les éponges (spongiaires) de Zélande

Considérées comme des animaux primitifs, les éponges ne sont pas organisées en tissus et aucun système digestif, circulatoire ou nerveux n’est présent. Leur forme et leur taille varient fortement selon les espèces : certaines prennent des formes arbustives quand d’autres se présentent comme des cheminées, parfois émergeant à plusieurs d’un socle plus massif.

La paroi externe des éponges est percée d’une multitude d’orifices parfois microscopiques appelés pores ou ostioles. Sur une zone en général surélevée, il y a une ouverture plus large appelée oscule. Entre leurs ostioles et leurs oscules, les éponges créent un courant d’eau qui apporte la nourriture et l’oxygène aux cellules et évacue les déchets.

Bien qu’il soit généralement déconseillé (voire interdit) de toucher les organismes marins, une pression légère et délicate, à proximité des oscules peut permettre de valider l’identification d’une éponge quand la structure générale est souple sous la pression et que les oscules ne se referment pas.

Une éponge arbustive, une chaline,
photographiée à Dreischor

Une éponge « en cheminée »,
photographiée à Gemaal

3. Les cnidaires de Zélande

Les cnidaires existent sous 2 formes fondamentales, le polype et la méduse, et ils se répartissent en 3 grandes classes :

  • les scyphozoaires qui se présentent sous la forme de méduse et se reproduisent selon le schéma rose ;
  • les anthozoaires qui se présentent sous la forme de polype et se reproduisent selon le schéma bleu ;
  • les hydrozoaires qui présentent successivement les 2 formes au cours de leur vie. Ils alternent les modes de reproduction rose et bleu.

Sources : d’après R. Sheridan et C. Massin,
Guide de la Faune et Flore sous-marines de Zélande,
Commission scientifique Lifras, 1998

Les cnidaires possèdent des cellules particulières, les cnidocystes, qui contiennent un venin. Chaque cnidocyste est relié à un cil extérieur qui, lorsqu’il est frôlé, en déclenche l’ouverture et projette un long filament qui injecte le venin. Les venins des cnidaires de Zélande sont sans danger pour l’homme, vous pouvez plonger rassurés.

Certains cnidaires secrètent un squelette extérieur chitineux ou calcaire comme les anthozoaires qui ont construit la grande barrière de corail d’Australie, la plus grande construction jamais réalisée par des êtres vivants sur terre ! Mais ces cnidaires-là ne sont pas non plus présents en Zélande.

Une méduse, une Aurélie,
photographiée à Oesterdam

Une autre méduse, une Chrysaore,
photographiée à Scharendijke

Des anthozoaires, des œillets de mer,
photographiés à Dreischor

Un anthozoaire, un dahlia de mer
photographié à Den Osse

La bouche de cet anthozoaire, un sagartiogeton
est bien visible

Des hydozoaires, des hydres de mer,
photographiés à De Ducs

La grande barrière de Corail a fait l’objet de la Page n° 13 de Faune et Flore de janvier 2018.
Pour la relire : https://neree.eu/la-grande-barriere-de-corail

Une présentation plus détaillée des coraux a fait l’objet de la Page n° 14 d’avril 2018.
Pour la relire : https://neree.eu/les-coraux/

4. Les cténaires de Zélande

Comme les éponges et les cnidaires, les cténaires ne possèdent pas d’organe spécifique. Comme les cnidaires, ils ne possèdent qu’une cavité gastrique munie d’une bouche qui sert également de pore anal. Les tentacules sont présents chez certaines espèces de cténaires mais absents chez d’autres espèces.

A la différence des cnidaires, les cténaires ne possèdent pas de cnidocytes mais des collocytes. Ce sont des cellules qui secrètent une substance collante qui permet de capturer de petites proies. Ils se caractérisent aussi par la présence de 8 bandes de palettes ciliées situées sur les méridiens de leurs corps.

Le jeu de la lumière à travers ces rangées de cils donne de très beaux reflets irisés caractéristiques. Quand vous croisez des cténaires, arrêtez-vous et prenez le temps d’admirer leurs reflets dans la lumière de votre lampe.

Un cténaire à tentacules, une groseille de mer,
photographié à Wemeldinge Kattendijke

Un cténaire sans tentacule, un Mnémiopsis
photographié à Wolphaartsdijk

5. Les bryozoaires de Zélande

Les bryozoaires sont des animaux fixés et souvent très discrets. Il faut savoir qu’ils existent pour prêter attention aux colonies qu’ils forment. Pourtant, chaque colonie englobe plusieurs centaines d’individus mais chaque individu, appelé zoïde, n’a qu’une taille de l’ordre du millimètre.

La caractéristique importante des bryozoaires est la présence d’un lophophore chez les zoïdes. Le lophophore, coloré en jaune sur le schéma ci-contre, est la couronne de tentacules qui entoure la bouche et qui permet au zoïde de se nourrir et de respirer. Le zoïde est séparé en deux parties : le cystide et le polypide. Le cystide, coloré en vert, englobe et protège le polypide en cas de danger. Le polypide est composé de tous les organes du zoïde. Si le cystide est chitineux, le bryozoaire est souple. Si le cystide est calcaire, le bryozoaire est alors rigide.


Si les formes de colonies sont souvent très variées selon les espèces, c’est la forme arbustive qui est la plus fréquente en Zélande.

 

Source : d’après R. Sheridan et C. Massin,
Guide de la Faune et Flore sous-marines de Zélande,
Commission scientifique Lifras, 1998

Des bugules plumeuses,
photographiées à Dreischor

Des phoronis avec un lophophore en fer à cheval
photographiés au Pont de Zélande
par Cathy Grimonpont

L’identification des bryozoaires n’est pas aisée. C’est souvent la régularité générale de la colonie qui permet de distinguer une colonie de bryozoaires d’une colonie d’hydraires par exemple.

A gauche, ce bryozoaire photographié par Cathy Grimonpont au Pont de Zélande
présente une structure générale régulière bien visible
tandis que les colonies d’hydraires à droite n’en présentent aucune.

6. Les annélides de Zélande

Les annélides sont des vers segmentés. Ils se divisent en 3 classes : les achètes ou sangsues, les oligochètes ou vers de terre, les polychètes, vers presque exclusivement marins.
Le corps des polychètes est en général de petite taille, de 5 à 30 cm. Leur corps est mince, allongé et composé d’anneaux. Sur chaque anneau, on trouve des palettes latérales garnies d’un grand nombre de soies, les chètes.
La majorité des polychètes, errants ou cachés, a un mode de vie très discret. Certains se dissimulent, cachés sous les pierres ou les algues, tandis que d’autres s’enfouissent dans le substrat ou sécrètent leur propre tube de protection. Dans ce cas, seul leur panache peut être visible en plongée.

 

Une grande gravette,
photographiée à Wemeldinge Linda

Le panache d’une sabelle au Pont de Zélande
photographiée par Cathy Grimonpont

7. Les crustacés de Zélande

Les modes de vie des crustacés sont variés : planctonique, démersal, benthique, parasite, etc. Les régimes alimentaires sont tout aussi différents : détritivore, filtreur, carnivore, herbivore, nécrophage, etc.

L’allure générale des crustacés est souvent semblable : le corps est recouvert d’un squelette externe segmenté ou carapace. L’observation du corps permet le plus souvent de distinguer 3 régions : la tête, le thorax et l’abdomen.

Un crabe vert,
photographié à Polredijk

Un homard
photographié par Pierre-Bernard Demoulin

Une caprelle, photographiée au Pont de Zélande
par Cathy Grimonpont

Un macropode
photographié à Zuidbout

Les balanes ont transformé leur carapace en plaques calcaires et leurs pattes en panaches pour capturer les particules en suspension dont elles se nourrissent.
Les balanes sont bien des crustacés et non pas des mollusques qui auraient une coquille !

8. Les mollusques de Zélande

Leur corps mou, ni annelé ni articulé, se compose de 4 parties : une tête portant des organes sensoriels et une bouche ; un pied servant pour la locomotion, un sac viscéral et un manteau qui délimite une cavité dans laquelle les branchies sont logées et où se déversent les conduits urinaires, génitaux et intestinaux. C’est le manteau qui secrète la coquille.

Quatre classes de mollusques peuvent se rencontrer en plongée :

  •  les polyplacophores ont une coquille dorsale formée de 8 plaques transversales ;
  • les bivalves ont une coquille faite de 2 parties articulées ;
  • les gastéropodes dont la coquille unique est le plus souvent hélicoïdale quand elle n’est pas conique, spiralée ou … absente comme chez les nudibranches ;
  • les céphalopodes dont les bras souvent pourvus de ventouses sont disposés en couronne autour de la bouche. La coquille peut être interne comme chez la seiche.

Un polyplacophore, un chiton,
photographié à Sas van Goes

Un bivalve, une huître plate
photographiée à Bommenede

Une gastéropode, une nasse réticulée
photographiée à Gemaal

Un céphalopode, une seiche,
photographié à Strijenham

L’appellation de nudibranches est réservée aux mollusques gastéropodes dépourvus de coquilles et qui portent leurs branchies apparentes sur leurs dos.

Ainsi, par exemple, la flabelline est un nudibranche. Les autres gastéropodes dépourvus de coquilles mais ne portant pas de branchies bien visibles sur le dos relèvent d’autres ordres de gastéropodes. Ainsi l’élysie verte fait partie de l’ordre des sacoglossa et non de l’ordre des nudibranchia.

Une flabelline
photographiée à Sint Annaland

Elysie verte en pleine eau,
photographiée à De Ducs

9. Les échinodermes de Zélande

Les échinodermes présentent, de manière plus ou moins apparente, 3 caractéristiques communes :

  • une symétrie radiale à 5 axes ;
  • un squelette calcaire constitué de plaques situées dans la peau et en général munies d’épines. Ces plaques peuvent être jointives et soudées comme chez les oursins, ou jointives et articulées, donnant alors un squelette externe plus souple comme chez les étoiles de mer, ou se limiter à quelques spicules dispersées dans la peau comme chez les holothuries.
  • Un système ambulacraire servant à la locomotion, à la nutrition et à la respiration.

En Zélande, nous pourrons trouver à chaque plongée 3 classes d’échinodermes :

  • les étoiles de mer qui présentent une forme caractéristique constituée d’un disque central souvent peu visible autour duquel rayonnent 5 bras ;
  • les ophiures qui possèdent cinq bras fins autour d’un disque central bien individualisé ;
  • les oursins qui adoptent généralement la forme approximative d’une sphère densément recouverte de piquants.

Les holothuries et les comatules sont absentes de Zélande ou n’y sont que rarissimes.

Une étoile de mer dévorant une huître,
photographiée à Zuidbout

Tapis d’ophiures
photographié à Schelphoek Caissons

Un petit oursin vert
photographié à Wemeldinge De Hoek

Un test de petit oursin vert
photographié à Bommenede

10. Les tuniciers de Zélande

Les tuniciers font partie du super-embranchement des cordés, comme les poissons et les mammifères car leur larve, en forme de petit têtard, porte un embryon de colonne vertébrale. Celle-ci disparaît toutefois lors de la métamorphose vers l’état adulte.

La caractéristique principale des tuniciers est la présence d’une tunique épaisse entourant l’animal et de deux siphons : un siphon buccal inhalant et un siphon atrial exhalant. La tunique secrétée par l’épiderme contient de la cellulose, c’est un cas unique dans le monde animal. Elle sert de squelette externe et protège l’animal.

Les tuniciers que nous rencontrerons en Zélande seront soit solitaires soit vivant en colonies. Dans ce cas, ils sont reliés par des stolons ou enfermés dans une enveloppe commune, les siphons atriaux étant alors mis en commun.

Deux tuniciers solitaires
en voie de recouvrement par un tunicier colonial
à Wolphaartsdijk

Des tuniciers coloniaux
en train de recouvrir une algue verte
à Wolphaartsdijk

Vous voilà maintenant outillés et outillées pour repérer d’abord et identifier ensuite un maximum d’organismes de la flore et des invertébrés de Zélande.
Lors du prochain séjour 2023 de notre école de plongée en Zélande, nous nous limiterons à observer un maximum de ces organismes et à les classer simplement dans les catégories décrites plus haut.

Celles et ceux qui souhaitent une documentation plus complète la trouveront dans l’excellent ouvrage de Steven Weinberg que l’on peut aisément se procurer en librairie ou sur internet.

Je me réjouis dès à présent de partager ces plongées avec vous.