Ce que les poissons de Todi ne nous ont pas dit… (janvier-février-mars 2024)

Ce 23 mars 2024, notre école Nérée s’est rendue une nouvelle fois à Todi.

Ce centre de plongée dispose d’un gigantesque bassin de plongée de 10 m de profondeur et de 36 m de diamètre comportant plus de 6.500 m3 d’eau à une température entre 23 et 24 degrés.

Nos nouveaux plongeurs ont pu évoluer en toute sécurité au milieu de plus de 2.200 poissons tropicaux d’eau douce.

L’un des principaux défis pour l’équipe chargée de réaffecter l’ancien lavoir du charbonnage de Beringen fut celui de la mise au point de la qualité d’eau requise pour que le bassin permette tant aux plongeurs qu’aux poissons d’évoluer dans les meilleures conditions… sans polluer l’environnement par des rejets indésirables.

Nous allons dans cette nouvelle Page de Faune et Flore partager davantage d’informations à propos des poissons que nous avons pu identifier lors de notre plongée à Todi en nous servant de nos fiches immergeables maintenant bien connues à Nérée.

Ces fiches sont téléchargeables pour impression dans la section « téléchargements » du site neree.eu en cliquant sur ce lien

1. Le gourami géant

A Todi, il faut chercher le gourami géant dans les grands espaces bien dégagés. Son nom scientifique est Osphronemus goramy. Il est originaire de l’Asie du Sud-Est. On le trouve à l’état sauvage au Cambodge, en Indonésie, au Laos, en Malaisie, en Thaïlande et au Vietnam.

Si, dans son milieu naturel, le gourami géant affectionne les grands espaces dégagés, il lui est tout de même nécessaire de disposer à proximité de suffisamment de cachettes avec de solides gros rochers et des racines de bois géantes dans lesquelles il peut se réfugier en cas de besoin.

Vraiment omnivore sans chichis, le gourami géant mange tout ce qu’il trouve dans la nature, y compris des amphibiens et même des animaux morts !

Au départ de l’Asie, que ce soit de façon accidentelle ou de façon délibérée dans des entreprises d’élevage piscicole, les gouramis géants ont été largement introduits comme poissons d’élevage destinés à la consommation. Leur aire de répartition a été largement élargie par rapport à la zone d’origine. Aujourd’hui, on trouve des élevages de gouramis géants dans le sud de la Chine, au Sri Lanka, mais aussi en Australie, à l’Ile Maurice, à la Réunion et à Madagascar.

Le gourami géant est capable de respirer de l’air humide. Il peut ainsi survivre hors de l’eau pendant de longues périodes en saison sèche !

Un autre gourami géant
dans le bassin de Todi

2 Le pacu noir

A Todi, le pacu noir nage en bancs juste sous la surface. Il est repérable dès l’arrivée au bord du bassin.


Son nom scientifique est Colossoma macropomum.

Il est originaire des bassins de l’Orénoque et de l’Amazone en Amérique du Sud. L’Orénoque traverse le Venezuela et la Colombie, l’Amazone traverse notamment le Pérou, la Colombie et le Brésil.

La taille moyenne est de 70 cm mais de nombreux spécimens atteignent plus d’un mètre de longueur et vivent 40 ans.

Parce que sa chair est appréciée et que sa croissance est rapide, le pacu noir fait maintenant l’objet d’élevage en pisciculture dans plusieurs pays d’Amérique du Sud.

C’est un omnivore saisonnier. Pendant la saison des pluies, il consomme des graines, des noix et des fruits qu’il écrase à l’aide de ses puissantes mâchoires. Pendant la saison sèche, le pacu noir se nourrit davantage d’insectes et de mollusques. Les juvéniles, eux, filtrent l’eau pour se nourrir de plancton.

Dans leur milieu naturel, les juvéniles sont craintifs et vivent en bancs dans les eaux plus sombres. Les adultes vivent généralement solitaires mais ils se regroupent en bancs pour effectuer des déplacements plus importants. C’est le cas au moment du frai ou lorsque leurs plans d’eau habituels s’assèchent et que le manque d’eau les contraint

 

Les dents du pacu noir sont si fortes et si résistantes qu’elles peuvent casser des noix et des noisettes ! Ne lui proposez pas vos doigts !

Pour rejoindre une zone de frai qui lui convient, un pacu peut parcourir plus de 1.000 km !

Deux autres des nombreux pacus de Todi

3 Le bossu du Tanganyika

Vous n’avez eu aucun problème à croiser un bossu du Tanganyika pendant votre plongée. Il y en a de nombreux spécimens et ils ne sont pas farouches.

Le nom scientifique de ce poisson est Cyphotilapia frontosa.

Il est originaire du lac Tanganyika, un des grands lacs d’Afrique centrale. Le lac Tanganyika couvre approximativement la même superficie que la Belgique. Il s’étire sur 677 km de long entre la Tanzanie, la République démocratique du Congo, le Burundi et la Zambie.

Le bossu du Tanganyika est d’abord remarquable par sa taille : certains mâles atteignent plus de 30 cm. Il est aussi remarquable par sa coloration : 5 bandes verticales blanches strient ses flancs. Il est enfin et  surtout remarquable par sa bosse en excroissance sur le front. Contrairement à ce que certains affirment, cette bosse qui se développe avec l’âge n’est pas propre aux mâles. Les femelles en ont une également mais elle est parfois de plus petite taille.

Dans la nature, le Bossu du Tanganyika préfère les fonds rocheux en eaux profondes. Il y vit jusqu’à 120 m de profondeur en grands groupes pouvant compter jusqu’à 1.000 individus. La taille individuelle des bossus du Tanganyika semble augmenter avec la profondeur, ce qui en fait une des plus grandes espèces des fonds rocheux.
Lorsque les conditions de vie sont bonnes, la durée de vie est au minimum de 10 ans et elle peut atteindre 25 ans.

Le bossu du Tanganyika est un prédateur carnivore. Les petits poissons de moins de 10 cm de long et les invertébrés n’ont pas intérêt à rencontrer un bossu affamé !

La couleur dominante peut varier d’un bossu à l’autre.
Elle sera plutôt bleue, plutôt rougeâtre ou plutôt grise selon le région du lac d’où provient le poisson.

 

4 Citrinellum

Tous les poissons de Todi avec une bosse sur le front ne sont cependant pas des Bossus du Tanganyika. C’est le cas des Citrinellum qui sont présents en grand nombre à Todi.

Leur nom scientifique est Amphilophus citrinellus.

Le citrinellum est originaire des eaux douces d’Amérique centrale. On le trouve à l’état sauvage notamment au Nicaragua et au Costa Rica. Comme chez les Bossus du Tanganyika, les Citrinellum développent une bosse frontale mais cette bosse ne se développe que chez les mâles. Les femelles, souvent de taille plus petite, ne développent pas de bosse avec l’âge.

Le citrinellum chasse à l’affût et se nourrit principalement d’escargots, de petits poissons et de larves d’insectes mais, opportuniste, il n’hésite pas à attaquer toute proie de plus petite taille que lui passant à sa portée.

Sa couleur naturelle est grisâtre, parfois blanche ou rouge, mais le jaune citron est la forme la plus courante en captivité.

Quelques variations de couleur chez les Citrinellum de Todi

En période de reproduction, les citrinellum vivent en couple et demeurent la plupart du temps sur le fond, près de l’endroit où les œufs ont été pondus. A ce moment, ils deviennent très territoriaux et ne tolèrent aucune intrusion dans la zone autour de leur nid. Ni de la part des autres citrinellum, ni de la part des poissons d’autres espèces, ni de la part des plongeurs !

5. Pléco Léopard

Le pléco léopard fait partie de l’ordre des siluriformes, disent les scientifiques. C’est un poisson-chat, dirons-nous plus simplement.
Son nom scientifique est Pterygoplichthys gibbiceps.

Sa taille moyenne est de 30 cm, sa taille maximale est de 50 cm. Dans la nature, c’est un poisson surtout nocturne et qui se nourrit principalement d’algues. Il doit son nom vernaculaire au dessin caractéristique qui orne la totalité de sa peau.

Le pléco léopard vivait à l’origine dans les bassins de l’Amazone et de l’Orénoque en Amérique du Sud. Aujourd’hui, c’est un poisson très apprécié des aquariophiles car son espérance de vie dépasse facilement 15 ans.

On le trouve souvent posé, sur le fond ou sur un rocher. Certains plécos se positionnent dans des anfractuosités ou sur des rebords.

Au milieu des autres poissons-chats présents à Todi, le risque est grand de confondre le pléco léopard avec son cousin le pléco doré. Les deux espèces sont présentes en grand nombre dans le bassin. Pour ne pas se tromper, il faut observer très attentivement le dessin de la robe du poisson.

 

La robe du pléco léopard est faite
de taches brunes presque circulaires
et séparées par des interstices jaunâtres.

 

La robe du pléco doré est faite
de petits traits jaunâtres, droits ou arrondis, qui se détachent sur un fond brun.

 

Le pléco léopard peut creuser des galeries dans la terre des berges du fleuve qu’il habite. Il peut s’y réfugier et y séjourner pendant de longues semaines même si le niveau de l’eau baisse sous le niveau de la galerie pour autant qu’il puisse rester dans de la boue très humide !

On donne couramment aux siluriformes le nom de poissons-chats car la plupart d’entre eux possèdent des barbillons rappelant les moustaches du chat. Les poissons-chats n’ont pas d’écailles, leur corps est souvent doté d’une simple peau.

6. Synodontis

A côté des plécos léopards et des plécos dorés, d’autres siluri-formes habitent les rochers reconstitués de Todi. Ce sont les synodontis.

Leur nom scientifique est Synodontis euptera.

La robe des synodontis est foncée, sans motifs clairs. Seuls des points mouchetés sombres ornent les flancs et le dos mais sans dessiner de motifs particuliers.

Dans la nature, la taille d’un synodontis peut atteindre 30 cm. A l’âge adulte, les femelles sont plus grandes que les mâles. Ce sont des poissons paisibles qui aiment vivre en groupe.

Les synodontis sont originaires des fleuves d’Afrique centrale, notamment du Nil et du Niger qui traversent le Nigeria, le Cameroun, le Mali, le Ghana, le Soudan, le Tchad et le Niger.
On trouve de plus en plus souvent des synodontis chez les aquariophiles qui apprécient sa longévité : dans des bonnes conditions, l’espérance de vie d’un synodontis atteint 15 ans.

Le synodontis est omnivore. Il se nourrit, souvent sans faire de chichi, de tout ce qui est à sa disposition.

La présence des grands barbillons et l’examen de la robe des synodontis
permettent de les distinguer facilement des plécos.

Les synodontis peuvent parfois donner l’impression de nager à l’envers. En fait, ils ont l’habitude de coller leur ventre aux éléments du décor ou de leur environnement. Se reposer la tête et le corps en bas, en position inversée sous un surplomb ou sous une racine immergée, n’a donc rien d’inhabituel pour eux.

7. Cichlidé fée

Le cichlidé fée était le plus petit des poissons à repérer au cours de cette plongée.

Sa taille se situe généralement entre 10 et 15 cm de longueur..

Son nom scientifique est Aulonocara jacobfreibergi.

.

Le genre Aulonocara compte 22 espèces différentes. Toutes ces 32 espèces vivent exclusivement dans le lac Malawi, en Afrique de l’Est, aux confins du Malawi, du Mozambique et de la Tanzanie. Certains Aulonocara vivent sur des fonds sablonneux ou vaseux, d’autres préfèrent les fonds rocheux.

Chez les cichlidés fées, les mâles dominés, les femelles et les juvéniles vivent en petits groupes ou en bancs à proximité des territoires des mâles reproducteurs. Ces mâles dominants et polygames ne tolèrent généralement aucune incursion dans leur zone de vie. Ils sont particulièrement violents contre les autres espèces territoriales et peuvent provoquer des combats musclés quand ils défendent leur territoire de reproduction.

 

Grâce à des capteurs hypersensibles sur leurs têtes, les Aulonocara sont capables de localiser leurs proies dans le sable. Ils se tiennent à quelques millimètres du fond et y détectent chaque mouvement. Dès qu’une proie est repérée, ils plongent le museau dans le sable pour y capturer la proie. Cette technique de chasse est si typique qu’elle suffit pour classifier des espèces dans le genre Aulonocara.

Chez le cichlidé fée, c’est le mâle qui incube les œufs. Après que la femelle ait pondu les œufs, le mâle les ramasse dans sa bouche et les garde là jusqu’à ce qu’ils éclosent. Pendant cette période d’incubation, le mâle ne se nourrit pas et protège activement les œufs. Une fois les alevins éclos, ils sont libérés et peuvent nager librement . C’est une adaptation intéressante qui permet aux alevins d’être en sécurité et de bénéficier de la protection du mâle pendant leurs premiers jours de vie.

8. Mbu

C’est dans les grands espaces dégagés qu’il fallait retourner pour rencontrer le dernier poisson de cette série : le mbu.
Il fallait être perspicace ou avoir de la chance pour le rencontrer car il n’a été introduit qu’en un exemplaire unique à son arrivée dans le bassin de Todi. Son nom scientifique est Tetraodontis mbu.

Le mbu est originaire d’Afrique centrale, on le trouve dans le bassin du fleuve Congo et dans le lac Tanganyika.
C’est un poisson particulier à plus d’un titre :

  • Il fait partie des poissons-coffres bien connus en mer Rouge et dans l’océan Indien. Ces poissons sont capables d’augmenter très rapidement leur volume, notamment pour impressionner leurs prédateurs, en se gonflant de la grande quantité d’eau qu’ils ingèrent presque instantanément.
  • Le mbu est le seul poisson de cette catégorie qui est adapté à la vie en eau douce, tous les autres poissons-coffres sont des poissons de mer.
  • Le corps est relativement allongé par rapport aux autres poissons-coffres de mer. A l’exception du museau et du bas de l’attache de la queue, le corps du mbu est couvert de très petites épines.

La taille d’un mbu dépasse souvent 60 cm de longueur. Dans des conditions optimales, son espérance de vie atteint 12 ans.

Mbu dans le bassin de Todi en 2019 (à droite) et en 2022 (à gauche)

Le foie, la vésicule biliaire et les organes sexuels du mbu contiennent un puissant poison mortel, la tétradotoxine. S’il devait vous arriver de trouver un jour un mbu mort, ne le manipulez qu’avec des précautions extrêmes !

test 6 octobre 2018